
Appréciés pour leur simplicité et leur efficacité économique, les certificats Wildcard permettent de sécuriser rapidement un grand nombre de services. Pourtant, derrière cette apparente facilité se cachent des enjeux majeurs de disponibilité et de sécurité, devenus critiques avec la réduction continue de la durée de vie des certificats.
Le certificat Wildcard : simple, efficace mais structurellement risqué
Un certificat Wildcard, de type *.domaine.com, permet de sécuriser tous les sous-domaines de premier niveau d’un domaine avec un seul certificat. Concrètement, un même certificat peut être utilisé pour un site web, une API, un portail client ou un service interne, sans avoir à gérer plusieurs demandes ni plusieurs renouvellements.
C’est précisément ce qui fait le succès du Wildcard : il réduit le nombre de certificats à gérer, limite les coûts et accélère la mise en production de nouveaux services. Dans des environnements mutualisés ou cloud, il est souvent perçu comme une solution pragmatique et rapide. Mais cette concentration a un revers.
Expiration d’un Wildcard : quand tout tombe en même temps
Un certificat Wildcard est généralement partagé entre plusieurs applications et instances. Lorsqu’il arrive à expiration, ce ne sont pas un mais plusieurs services qui deviennent indisponibles simultanément.
Avec la réduction progressive de la durée de vie des certificats, bientôt mesurée en semaines plutôt qu’en mois, le risque augmente mécaniquement. Un oubli de renouvellement ne se traduit plus par un simple incident technique, mais par une interruption de service à large échelle, immédiatement visible par les utilisateurs et les métiers.
Pour un DSI ou un RSSI, l’enjeu dépasse largement la technique : il s’agit de continuité d’activité, d’image et de confiance dans le système d’information.
Une surface d’attaque élargie
Le deuxième risque, souvent moins visible, concerne la clé privée associée au certificat Wildcard. Cette clé est copiée sur tous les serveurs qui utilisent le certificat. Si l’un d’entre eux est compromis, l’attaquant peut récupérer la clé privée : les communications des autres services ne sont plus protégées et le hacker peut exploiter la clé pour usurper l’identité de l’ensemble des services protégés par ce certificat. Autrement dit, une compromission locale peut avoir des conséquences globales. C’est un point de vigilance majeur dans un contexte Zero Trust, où l’on cherche précisément à limiter les effets de propagation et à cloisonner les risques.
ACME : une avancée majeure, mais une réponse partielle
Pour répondre à la complexité croissante de la gestion des certificats, le protocole ACME s’est imposé comme un standard. Dans le cas des certificats Wildcard, ACME repose sur le challenge DNS-01, seul mécanisme compatible avec ce type de certificat. Une fois ce challenge validé, le renouvellement devient automatique, prévisible et conforme aux bonnes pratiques de sécurité, notamment la régénération régulière des clés. ACME supprime ainsi une grande partie du stress lié aux expirations. Mais ACME ne répond pas complètement à l’enjeu, tout aussi critique dans le cas des Wildcards multi-instanciés : comment s’assurer que ce certificat est correctement déployé et activé partout où il est utilisé.
Le CLM, proxy ACME intelligent du système d’information
Le Certificate Lifecycle Management (CLM) joue le rôle de proxy ACME, c’est-à-dire d’intermédiaire intelligent entre votre SI et l’autorité de certification.
Concrètement, le CLM dispose d’une connaissance exhaustive du parc : il sait où le certificat Wildcard est déployé. Lorsqu’un renouvellement est nécessaire, le CLM peut alors initier la demande ACME auprès de l’autorité de certification publique. Mais surtout, il est capable d’orchestrer la suite des opérations : grâce à ses connecteurs et à ses API, le CLM déploie automatiquement le certificat renouvelé sur toutes les instances où il est instancié, de manière homogène, sécurisée et traçable. Il s’assure que chaque serveur est mis à jour et que les services concernés sont correctement rechargés. Le renouvellement d’un Wildcard n’est plus un acte isolé, mais une opération maîtrisée de bout en bout, intégrée dans une gouvernance globale.
Là où les Wildcards étaient choisis par défaut pour des raisons de simplicité, le CLM permet de basculer vers des certificats multi-SAN ou même vers un certificat par serveur ou par application. Ces approches réduisent fortement la surface d’attaque en évitant le partage de clés privées, tout en restant compatibles avec des cycles de renouvellement courts. Sans CLM, ces modèles sont souvent jugés trop complexes à opérer. Avec un CLM, ils deviennent automatisés et réalistes à grande échelle.
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